SEMAINE SAINTE

Publié le 30 mars 2015 avec les mots-clés: Actualités

sans-titreLa Semaine Sainte commence ce dimanche par la procession festive avec les rameaux : tout le peuple accueille Jésus à Jérusalem. Peut-être cohabitent en nous deux sentiments contradictoires : joie et tristesse. La joie habite nos cœurs devant l’émerveillement de cette foule qui accueille triomphalement le Christ. Le voilà enfin le sauveur tant attendu ! Hosanna ! Le messie est là ! La rédemption est en cours. Mais, nous sommes aussi habités par la tristesse car c’est la passion du Seigneur qui commence : rejet, souffrance, mis à mort…. Dimanche des rameaux, dimanche de la passion…Comment donc un jour de victoire peut-il être en même temps un jour de joie et de souffrance ?

Arrêtons-nous une minute sur le récit de la passion de notre Seigneur. En effet, d’aucuns pensent que nous n’aimons pas trop le mot « Passion ». Il nous fait même souvent peur, parce qu’il est synonyme de grande souffrance. Quand il s’agit de surcroît de la Passion du Christ, beaucoup voient défiler devant eux des images de couronne d’épines, de flagellation, de crucifixion, de torture et de mort. Et lorsque nous pensons, pour cause d’actualité ou par volonté de solidarité, à nos chrétiens frères d’Irak ou d’autres contrées de notre monde, ce sont d’autres images encore qui nous étreignent le cœur, des images de souffrances et de violence humaine…. Il est bien clair que nous ne devons pas minimiser les souffrances du Christ, gommer le moindre repli de son visage défiguré et ensanglanté. Mais pour bien vivre la Semaine Sainte nous ne devons pas la vivre seulement comme la semaine de l’épreuve et de la souffrance. Dans le projet de Dieu et dans l’obéissance du Christ elle est la semaine de l’amour.Que ce soit le dernier repas et le lavement des pieds, la nuit au Jardin des Oliviers avant l’arrestation, le pardon de Pierre qui a renié, le dialogue avec le bon larron, tout sur le chemin suivi par Jésus vers sa mort est amour, service, don de soi, pardon. La Croix n’est plus le sommet de l’horreur, elle est le sommet de l’amour qui est de donner sa vie pour ceux qu’on aime… En même temps, la Passion est le démenti de la fausse image de Dieu que nous nous fabriquons. Avec la Passion  se dissipe le phantasme d’un Dieu tout-puissant, intervenant dans les affaires humaines pour en modifier le cours. Or que voyons nous ? Devant le paroxysme de l’injustice et la spirale de la violence, apparemment Dieu reste muet. En réalité c’est maintenant la croix qui parle en son nom. Non Dieu n’est pas muet : son langage est désormais le langage de la  croix : lieu de la révélation de son amour.

Que nous dit la croix ? Elle nous dit que la souffrance du monde est la souffrance de Dieu. Car le Christ s’est identifié à tout être dans le malheur  lorsqu’il nous a dit, et avec quelle clarté : cet homme qui meurt de soif, ce prisonnier, cet exclus, c’est lui le Christ. Cette femme méprisée,  ce drogué à la dérive, cet enfant maltraité, ces enfants innocents tués suite à la barbarie humaine, c’est Jésus-Christ. Le Christ se range du côté des souffrants et des blessés, des cabossés et des chahutés de la vie.

En début de semaine Sainte, Si notre bonheur c’est  d’être avec le Christ, alors empruntons avec lui la trajectoire de Jérusalem pour vivre sa passion afin de ressusciter dans notre vie car l’amour de Dieu en Jésus Christ est créateur de vie, même lorsque la mort est au rendez-vous. Bonne semaine sainte.

Amen !

Homélie du dimanche des Rameaux de Alfred KAMWANGA, aumônier territorial