Théo, chef scouts-guides
Publié le 4 février 2020 avec les mots-clés: Mis en Avant, Témoignages
Je m'appelle Théo, étudiant en Management et Gestion de Projet. Je suis devenu chef à la suite de mes différentes années scoutes et j’ai commencé aux louveteaux quand j’avais 8 ans. J’en ai aujourd’hui 23.
Qu’est-ce qui t’as donné envie de devenir scout ?
Au début, ce sont mes parents qui m’ont « forcé » à y aller. Je ne voulais pas y aller puisque je ne savais pas ce que c’était.
J’étais un petit garçon très timide et le scoutisme m’a ouvert aux autres. Très vite, je me suis rendu compte que c’était une chance d’appartenir à ce groupe. J’y ai appris énormément : j’ai compris ce qu’était l’autonomie, le service et la joie de vivre.
Le scoutisme nous met dans des situations où nous devons faire des choix, on nous fait confiance même si nous sommes jeunes. En quelques années, très jeune, j’ai appris à « diriger » une petite équipe, en organisant des sorties et des week-ends. Cela m’a également appris à m’engager, à faire de mon mieux, à vivre en collectivité avec les autres et à être sensible à l’intérêt commun, prioritaire sur son intérêt personnel.
C’était une véritable école de la vie pour le jeune adolescent que j’étais en pleine jeunesse branchée et connectée.
Qu’est-ce qui t’as le plus marqué dans ces années scoutes ?
Beaucoup de choses à la fois ! Je pense tout d’abord que c’est l’envie de participer à l’éducation des jeunes.
Une des choses formidables lorsqu’on est chef, c’est de voir la progression des jeunes qui nous sont confiés, de les voir grandir, s’épanouir et mûrir. On apprend à faire passer l’intérêt des jeunes avant le nôtre, et paradoxalement cela nous fait aussi grandir, nous épanouir, puisque là le terme « servir » prend tout son sens. Etre chef reste une formidable expérience qui nous profite autant qu’à nos jeunes, et le simple merci d’un jeune à la fin d’un camp vaut toutes les heures passées à la préparer. C’est une récompense énorme.
Pourquoi as-tu décidé d’être chef ?
Au commencement, nous avons pour la plupart la vingtaine ou à peine plus, souvent étudiants, dynamiques, rieurs, un peu fous peut-être…. Et nous avons décidé, à peine sortis de notre adolescence, de nous occuper d’enfants au sein du scoutisme. Une grande majorité d’entre nous est issue de ce même scoutisme, a suivi sa pédagogie et s’est toujours dit inconsciemment en regardant ses chefs qu’un jour se serait lui le chef. Car le scoutisme c’est ça : passer le relais, être témoin et témoigner à son tour. Apprendre et transmettre aux plus jeunes ce qu’on nous a appris et transmis. Demandez à n’importe lequel d’entre nous, être chef ça prend du temps : préparation des camps, des sorties, des réunions, des week-ends, de la pédagogie, monter les dossiers de camp, la trésorerie, l’infirmerie, les conseils de groupe et puis il faut se former, rendre des comptes sur nos activités…. Bref, être chef ce n’est pas seulement occuper les jeunes un après-midi et s’en retourner comme si de rien n’était.
Alors pourquoi le faisons-nous ? Bien entendu nous ne sommes pas salariés, nous ne touchons pas d’argent pour le travail que nous accomplissons. Peut-être est-ce pour cela que nous sommes de moins en moins nombreux à le faire. Alors y gagnons-nous quelque chose ou sommes-nous seulement un peu fous de gaspiller notre temps dans le scoutisme alors que nous pourrions être payés à faire des choses semblables ailleurs ?
Certes nous ne recevons pas d’argent mais nous gagnons tellement plus…. Nous sommes riches.
Riches de sourires et de visages radieux, riches de remerciements et de regards gratifiants, riches de moments émouvants et de partage, riches de tout ce que nous apportent ces enfants avec qui nous passons presque autant de temps qu’avec nos familles. Nous les connaissons, nous les aimons, nous les suivons de nombreuses années durant, nous passons avec eux la plupart de nos week-ends, nous partons en camp avec eux et même loin d’eux nous restons leurs chefs. Nous savons leurs défauts et leurs qualités, leurs résultats à l’école, leurs activités, leurs envies, leurs rêves, leurs peurs, ce qui les fait rire, ce qui les fait pleurer et quelques fois nous savons même des choses à leur sujet que nous sommes les seuls à connaître, ils nous confient leurs secrets comme des trésors.
A combien s’évaluent les trésors d’un jeune ? Je suis heureux de ne pas être payé pour être le chef de mes Scouts-Guides car sinon je n'aurai pu donner de réponse à cette question. Ils nous apportent à chaque fois un bonheur inestimable, des perles de vie offertes avec sincérité et spontanéité qui nous font dire que nous sommes chanceux d’être chef. Et je vous mets au défi de trouver quelque part un chef scout qui accepte d’être payé pour ce qu’il fait car certes nous donnons beaucoup mais nous recevons mille fois plus. Peut-être qu’être chef est notre façon de garder à l’esprit que l’argent ne peut pas tout acheter, qu’il y a des choses qui ne sont pas quantifiables et ce sont ces choses-là les plus précieuses : l’amitié, la fraternité, le partage, l’entraide, l’écoute, la liberté, l’amour, le dépassement de soi et l’ouverture aux autres…. Et bizarrement ce sont les fondements de notre mouvement. Coïncidence ? Je ne pense pas.
C’est quoi pour toi être chef ?
Pour moi être chef c'est plein de rebondissements, c'est choisir de consacrer du temps aussi bien dans la préparation que dans les moments avec les jeunes, c'est des rencontres, c'est vivre le scoutisme et leur apprendre des petites choses de la vie. Être chef c'est aussi et surtout vouloir faire grandir les jeunes et inconsciemment grandir aussi.
En devenant chef avec les scouts-guides, je me rends compte que non seulement j’apprends à me surpasser pour d’autres, mais qu’en plus ce sont eux qui me l’apprennent.
Etre chef, c’est transmettre des valeurs, des passions, des témoignages de vie aux plus petits.
Etre chef, c’est aimer avant toute chose, et aider. Le scoutisme apporte, à ceux qui acceptent de les recevoir, des valeurs d’aide, de partage, d’estime de soi, de courage, … bref, c’est une manière de vivre qui se transforme vite en leçon pour chacun quand il s’agit d’affronter le monde avec ou sans son foulard et sa chemise.
Être chef, c’est compatible avec les études. Mais à condition, comme pour tout, de ne pas faire passer sa passion avant son travail (dur dur) ! Etre chef aide même, je pense, à poursuivre ses études dans le sens où on est amené à se dépasser et à s’autogérer. Après, je ne dis pas que mes résultats ont augmenté avec le scoutisme … Mais tout est une question d’organisation.
Etre chef ça ne s’improvise pas. On peut avoir toute la bonne volonté du monde, cela ne suffit pas. Il faut également avoir une certaine force de caractère et de l’autorité pour s’imposer, tant auprès des jeunes que des parents.
Etre chef c’est être prêt à se découvrir par le service, c’est une aventure avec sa maitrise, avec les responsables du mouvement. C’est un engagement important, surtout lorsqu’on a un long passé de scoutisme derrière soi.
Etre chef c’est aussi renoncer à beaucoup de choses et tout d’abord à soi, mais jamais inutilement car en retour on est récompensés, entre autre par le bonheur que l’on éprouve à voir grandir et s’épanouir une Tribu par le jeu et la pédagogie.
Donc pour répondre concrètement à la question « C’est quoi pour toi être chef ? », je dirais que c’est une expérience unique à vivre, qui nous apporte beaucoup et qui nous permet d’apporter beaucoup. La seule joie des jeunes quand ils sont en week-end ou en camp suffit à redonner la motivation et l’envie de continuer.
Aujourd’hui, ce n’est pas l’école qui nous apprend à nous débrouiller seul dans la nature. Ce n’est pas elle non plus qui nous apprend à aimer les autres malgré leurs différences, à être généreux, ou encore à être serviable. Ces valeurs se perdent, et les scouts les entretiennent.
Si tu devais conseiller quelqu’un qui hésite à s’engager dans le scoutisme, que lui dirais-tu ?
Si quelqu’un hésite à devenir chef, c’est qu’il est déjà dans la bonne voie. Oser venir essayer, c’est le pas le plus difficile à franchir. Une fois qu’on y est, il est difficile d’en partir.
L’engagement peut parfois faire peur pourtant il n’y a rien à perdre mais beaucoup à gagner, aussi bien personnellement que professionnellement.
Accompagner des jeunes est l’un des plus beaux dons de soi que l’on puisse faire à l’autre. Alors il faut essayer, cela n’engage à rien, sinon à donner le meilleur de soi-même pour guider ceux dont on n’attend rien au départ, mais qui te rendront bien plus que ce tu aurais pu imaginer.
L’aspect spirituel peut également intimider mais l’avantage de ce mouvement est qu’il est ouvert à tous et c’est d’autant plus enrichissant.
Pour résumer, laissez-vous le temps de venir découvrir le scoutisme car « être chef scout c’est vraiment la classe ».
Alors si toi qui lis ces quelques lignes tu as la vingtaine ou à peine plus, si tu es dynamique, rieur et un peu fou, si tu as du temps, si tu n’as pas peur de ce qu’implique le rôle de chef, que tu as envie d’agir et de partager tout ce qui pour toi n’a pas de prix, alors peut être es-tu un chef qui s’ignore.
Finalement, je t’encourage à t’engager et la seule chose que tu regretteras, c’est de devoir arrêter un jour.
Le scoutisme en 3 mots ?
Apprentissage, Engagement, Partage.