Les Absoluts à Calais pour leur dernier camp - CAMP 2021

Publié le 11 octobre 2021 avec les mots-clés: A la une, Actualités

Cet été, les Absoluts compas ont embarqué pour une magnifique aventure.

Apres de longues années à préparer un projet compagnon, à s’adapter à tous les défis possibles et imaginables, à cuisiner un bon nombre de crêpes et de gâteaux au chocolat, nous avons réussis à en monter un qui ne s’est pas vu annulé par une maladie pulmonaire très contagieuse.

Nous sommes donc partis à Calais, durant une dizaine de jours afin de réaliser une action avec le Secours Catholique auprès des personnes exilées. Notre volonté de réaliser une action auprès de personnes en difficulté était donc complétée. En effet, avant l’épisode pandémique que nous connaissons actuellement, nous avions prévu de partir au Sénégal afin d’aider un orphelinat. Nous sommes donc arrivés à Calais le 15 juillet avec l’espoir de pouvoir nous rendre utile. Nous savions bien que nous n’allions rien révolutionner en une semaine et demie mais rien que le fait de pouvoir donner de la force à une organisation qui elle le fait était déjà amplement suffisant.
Nous avons été accueillis à bras ouverts par une équipe composée de bénévoles permanents et de salariés engagés. Parmi ces derniers, nous avons surtout intéragi avec Jacky et Mariam. Dès notre arrivée, nous avons été guidés vers notre logement payé par le Secours et nous avons eu un descriptif précis de ce que nous allions faire dans nos actions avec l’association. Nous avons commencé par avoir un film explicatif de la situation des personnes exilées à Calais. Ce film vise à montrer l’urgence humanitaire dans cette région : entre 500 et 1200 personnes exilées y sont toujours présentes dans des conditions dégradantes alors que certaines nuits, plusieurs centaines de migrants parviennent à traverser la Manche.
Quelle que soit la saison, le Secours catholique agit dans le but d’apporter aux migrants des services de première nécessité. A la fin de notre séjour, nous avons compris que la mission que le Secours s’était fixée concerne principalement la dignité des personnes exilées. C’est dans ce but que le Secours œuvre de concert avec d’autres associations sur place. L’association Salam s’occupait par exemple de distribuer des petit-déjeuners alors que d’autres apportaient une aide médicale. De fait, nous nous sommes sentis profondément utiles grâce à une association organisée, capable de nous former à aller vers des personnes étrangères, au-delà des barrières initiales que notre gilet beige du Secours catholique réussissait à traverser.

Durant notre camp nous avons principalement participé quotidiennement aux deux actions phares du Secours catholique auprès des migrants. Il s’agit de « l’accueil de jour » et de « l’aller vers ».

L’accueil de jour consiste à accueillir les migrants dans les locaux du secours catholique. Il est organisé par le Secours catholique 3 après-midi par semaine. Cela leur permet de manger, jouer, faire des lessives, recharger leurs téléphones ou encore se reposer dans un cadre sain. Pendant l’accueil de jour, les locaux sont divisés en deux parties. Une partie pour tous les migrants et une partie uniquement pour les femmes et leurs enfants. Cela leur permet de pouvoir se ressourcer et s’occuper de leurs enfants sans la pression masculine qui peut être très présente dans les camps. Elles pouvaient aussi échanger avec les bénévoles (tout comme les migrants, seul les femmes bénévoles pouvaient accéder à cette partie des locaux) avec moins de difficultés et moins de complexes. Nous concernant, lors de cette action, nous avons pu nous rendre utile en gérant les différents stands comme l’activité coiffure, lessive ou encore le stand nourriture. Nous avons aussi pu échanger grandement avec les migrants et en apprendre plus sur leur quotidien, leur vie ou encore leur voyage jusqu’en France. Malgré tout, la plupart des migrants étaient étonnamment joyeux. L’accueil du jour était plus vécu comme un moment de lâcher prise où ils peuvent jouer et rigoler en musique tout en étant sûrs de ne pas être dérangés par la police ou d’autres migrants.

Concernant l’aller vers, il consiste à se rendre directement dans les camps pour distribuer du thé et du café ainsi que pour recharger les téléphones des migrants. Elle a lieu 2 matins par semaine. C’est lors de cette action que nous avons pu voir la réalité des camps. Nous ne pouvons pas entrer à l’intérieur car ce lieu est considéré comme leur maisons et c’est aussi le seul endroit plus ou moins privé auquel ils ont accès. Nous avons quand même pu voir les camps et nous avons aussi discuté avec les migrants les plus démunis, souvent ceux qui viennent d’arriver et qui sont très fatigués et déboussolés. Lors de cette action nous n’étions jamais seuls. Nous nous sommes rendus utiles en distribuant des boissons ou en nettoyant la zone devant le camp. Nous avons aussi, quelques fois, pu jouer au football ou au volley avec les migrants.

Nous avons aussi participé à une activité de rénovation des installations du Secours catholique en partenariat avec une autre association qui a pour but d’organiser des activités mélangeant des habitants de Calais et des migrants afin de créer une relation de confiance entre les Calaisiens et les migrants. Pour finir nous avons prit part à une dernière activité de couture de pochette pour les migrants qui leur permettent de garder en sécurité toujours sur eux leurs documents et effets personnels de valeurs.

Durant ces différentes actions, nous avons pu échanger avec de nombreux migrants. Par exemple, Sandric raconte sa rencontre avec un exilé :

« Cà n’a pas duré longtemps, 30 minutes tout au plus avant que l’accueil du jour ferme. Je suis allé prendre une petite pause, (faire toutes ces activités sous le soleil de calais ça fatigue), et c’est dans la salle qui nous était réservée que je l’ai rencontré. Après avoir disputé une partie d’échecs en discutant de nos vies respectives, j’ai appris qu’il avait un doctorat en droit international mais que la guerre l'avait poussé à partir. Il avait quelque chose que j’ai remarqué chez beaucoup d’exilés, la flamme de la vie brillait dans leurs yeux. Cette volonté et cet espoir m’ont beaucoup touchés. C’est quand avons dû nous quitter qu’il m’a dit une phrase que je pense je retiendrai toute ma vie, “Tout ce dont j’ai besoin c’est ton sourire”. Elle m’a marquée de par sa beauté tout d’abord mais aussi car elle reflète cette réalité de la vie humaine qui est le besoin d’attention et d’affection. On pourrait faire passer ces besoins au second plan dans beaucoup de domaines sociaux pour seulement se limiter aux besoins de nourriture et d’hygiène par exemple. Pourtant ils sont tout aussi importants car c’est eux qui permettent de “Vivre”. »

Pendant notre séjour nous avons fait la connaissance avec deux équipes compas dont les profils étaient très différents. C’est autour de cette diversité que nous avons créé de forts liens d’amitié. Nous nous sommes retrouvés régulièrement afin de partager des moments conviviaux : dîners, visite d’église « abandonnée », match de volley malgré un vent tenace et foot dans le sable.

Si les liens du scoutisme nous destinaient à nous rassembler, les équipiers du Secours catholique ne sont pas restés en reste. En effet, les activités réalisées par l’association nous incitaient à nous mélanger aux autres bénévoles temporaires. Nous avions à chaque accueil de jour le temps d’interagir avec tous les autres entre deux tartines de mayonnaise et le service iconique du « thé café ? ».
Nous avons aussi profité du fait que nous soyons réunis pour pouvoir réaliser un bon nombre d’activités. Nous avons tout d’abord visité Calais et son magnifique beffroi, ses œuvres d’art contemporain en plein air ainsi que sa gastronomie. Les welshs, que l’on pourrait comparer à une fondue savoyarde où le fromage est du cheddar et le vin blanc de la bière, ne nous ont pas épargnés.
Nous avons aussi pu profiter des paysages alentours. Les caps blancs et gris nez nous ont séduits tant à la lumière du jour qu’à la tombée de la nuit. Une des choses qui nous a pas mal marqué, c’est la distance avec l'Angleterre que l’on peut voir à l’œil nu depuis la côte. On comprend alors pourquoi cette destination est si prisée par les personnes exilées voulant rejoindre la Grande-Bretagne.

Au niveau de la vie de notre équipe, il va sans dire que nous avons passé un moment extraordinaire. Soudés par de multiples activités communes comme certains jeux mobiles et par de multiples années de vie communes. La fin de ce camp fut pour cela un peu étrange car c’était la fin d’une période de nos vies. Nous avons chacun évolué depuis la première fois que les Absoluts compas se sont formés à l’aube de notre terminale et même si nos chemins se séparent, que nos choix de vies ne sont plus aussi compatibles que lorsque nous avons débuté cette magnifique aventure, nous sommes très heureux d’avoir pu la mener à son terme et nous n’en retirerons que du positif.