Parmi eux, certains, longtemps éloignés de la foi catholique, l’ont retrouvée grâce au scoutisme.
Les organisateurs n’en reviennent pas : samedi 31 octobre au matin, un soleil radieux brille sur Le Mont-Saint-Michel. Une aubaine pour un week-end de Toussaint, alors que 870 cadres des Scouts et Guides de France s’apprêtent à partir pour la traversée à pied de la baie depuis le prieuré d’Ardevon (1), à quelques kilomètres de la baie et que les SGdF ont contribué à rénover.
De vendredi à dimanche, ils étaient venus de toute la France pour prendre part à un grand
« pèlerinage de l’engagement ». Un événement assez exceptionnel pour le plus grand mouvement scout du pays (75 000 membres, dont 18 000 cadres), dont les derniers pèlerinages remontent à 2008, à Rome, et 1985, à Assise.
« Depuis quelques années, les propositions spirituelles chez nous étaient appelées “Assises de la foi”.
On renoue avec une certaine tradition », reconnaît Catherine Larrieu, déléguée générale du mouvement.
« C’est le bon moment pour un pèlerinage », confirme le P. Benoît Vandeputte, aumônier national des Scouts et Guides de France, qui parle d’une
« intuition » à propos de l’idée de ce pèlerinage, dont l’organisation a pris un an et demi.
« Il y a en ce moment une envie, une soif de foi chez les jeunes. Nous devons être là pour y répondre », ajoute le dominicain.
Ouverture d’esprit
Chez les jeunes, oui, mais pas seulement : parmi les cadres présents au Mont-Saint-Michel, beaucoup ont eux-mêmes retrouvé la foi à la suite de leur engagement dans le scoutisme.
C’est le cas de Stéphane, 40 ans, chargé de mission au sein du mouvement depuis un an, et venu avec sa compagne, Magali. Issu d’une famille très pratiquante, cet enseignant de Pithiviers (Loiret) s’est vu refuser la première communion, à 8 ans, car il était trop turbulent.
« J’ai alors commencé à faire une confusion entre la foi, l’Église et les personnes qui la composent », explique-t-il.
Quand il a rencontré Magali, celle-ci avait déjà trois enfants,
« élevés dans la foi chrétienne » et scouts. La femme de 38 ans, responsable des Farfadets dans sa ville (les 6-8 ans chez les Scouts et Guides de France), elle convainc Stéphane de la rejoindre dans le mouvement.
« On m’a présenté un aumônier et j’ai redécouvert une ouverture d’esprit, une tolérance que je ne croyais plus possible. »
Aujourd’hui,
« ce n’est pas encore évident d’aller à la messe, prévient l’enseignant.
Mais je participe à la vie spirituelle du groupe et je me remets à prier. » Quelques minutes plus tard, au pied du Mont, il partagera une intention de prière à ses camarades.
Pédagogie scoute
À 39 ans, Cédric, venu de Bourgogne, doit également à sa femme d’être arrivé dans le scoutisme. Passé par une
« école de bonnes sœurs », il a tout arrêté au lycée et n’est même plus sûr d’avoir fait sa profession de foi.
Mais il a été touché par l’accueil tolérant que lui a réservé sa belle-famille, quelques années plus tard, dont beaucoup de membres étaient scouts.
« À tel point que je me suis promis que quand j’épouserais Marine, j’embrasserais en même temps le scoutisme », se souvient-il.
Il se souvient d’avoir été séduit
« instantanément » par la pédagogie scoute.
« J’avais la vision d’une Église poussiéreuse, avec des homélies où l’on s’endort. Et j’ai découvert des messes de jeunes, des témoignages dynamiques… »
Aujourd’hui, ce père d’un enfant, qui crée son entreprise dans la sellerie, dit avoir
« plaisir à aller à la messe régulièrement ». Assistant pédagogique sur son territoire du nord de la Bourgogne, il se prépare à recevoir le sacrement de la confirmation.
Proposer la foi tout en accueillant tout le monde
Parfois, c’est par les enfants que les parents viennent au scoutisme.
« Vous n’imaginez pas le nombre de parents qui nous laissent leurs enfants en précisant qu’ils n’ont “rien fait” pour leur éducation religieuse, et qui se mettent à réfléchir à la foi avec leurs enfants », témoigne Frédérique, 48 ans, membre de l’équipe territoriale de Haute-Normandie.
C’est ce qui est arrivé à Carole. À 48 ans, cette mère de famille de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) est responsable de groupe depuis cinq ans. Pourtant, elle était réticente lorsque sa fille lui a dit qu’elle voulait être guide.
« Je pensais qu’il fallait être obligatoirement pratiquant », se remémore la mère de trois enfants, qui n’était à l’époque que
« de culture chrétienne ».
Elle se laisse pourtant convaincre et, non sans hésitation, accepte quelques années plus tard de prendre des responsabilités dans le mouvement. Un engagement qui a intensifié sa vie spirituelle.
« Il faut pouvoir dire clairement que nous sommes un mouvement catholique tout en étant ouvert à tous », explique Carole, évoquant non sans fierté l’accueil récent dans son groupe de trois jeunes Turkmènes, musulmanes et non francophones.
Proposer la foi tout en accueillant tout le monde, c’est le délicat équilibre que recherchent sans cesse les cadres des Scouts et Guides de France.
« La foi chrétienne ne vit pleinement que si elle est partagée », résume le P. Benoît Vandeputte.
Gauthier Vaillant, à Ardevon (Manche)