Août 2015 : Projet solidaire au Sénégal pour les compas
Publié le 11 janvier 2016 avec les mots-clés: Actualités
Nous, Camille, Cécile, Sophie et Bastien, compagnons du groupe Scouts et Guides de France de L’Haÿ-Chevilly, sommes partis durant le mois d’août au Sénégal pour concrétiser notre projet solidaire, projet que nous préparions depuis trois ans. En partenariat avec l’ONG sénégalaise Village Pilote qui les héberge nous sommes allés à la rencontre d’enfants des rues en apportant avec nous du matériel de cirque (diabolos, flûtes, bollas, balles de jonglage, assiettes-chinoises) et nos savoir-faire pour monter un spectacle de cirque à la fin de notre séjour.
Dès que nous avons présenté le projet aux jeunes ceux-ci nous ont paru très demandeurs et enthousiastes. Au fil des activités prévues quotidiennement (dans la matinée et en fin d’après-midi, afin d’éviter la trop forte chaleur) les jeunes se révélèrent être très communicatifs et désireux de progresser. Enfin après avoir initié les jeunes aux activités de cirque, la troisième semaine nous avons monté notre spectacle avec ceux qui étaient motivés par la représentation. Le spectacle présenté à des visiteurs fut une réussite : les jeunes ont apprécié mettre en scène ce qu’ils ont appris.
Laissez-nous d’abord vous présenter notre association partenaire : face à la problématique des enfants des rues, Village Pilote cherche d’abord à réinsérer les plus jeunes dans leurs familles, ou bien à réinsérer les adolescents dans la société par une formation professionnelle (maraichage, maçonnerie, menuiserie, restauration, électricité). Le site du Lac Rose où nous résidions est à une heure de Dakar (si vous êtes en voiture, sinon comptez 5 heures en empruntant des petits bus !) Les constructions ont été fabriquées par les anciens, les jeunes réinsérés, avec des matériaux sur place. Le site du Lac Rose accueille 80 jeunes entre 5 et 25 ans. Il y a aussi sur place deux ânes et quatre chiens dont la présence amuse et responsabilise les enfants.
Nous rejoignions tous les jours les plus grands au potager biologique pour arroser les plantations de manioc et de piment, installer une pépinière, arracher les mauvaises herbes. Une fois cette tâche achevée, nous proposions notre aide en cuisine. La première semaine fut la plus difficile mais nous nous sommes peu à peu habitués au climat et aux repas épicés. Chaque soir nous nous barricadions sous nos moustiquaires et nous enduisions de produit anti moustique, rituel qui semble avoir bien fonctionné. Les animateurs qui nous accompagnaient nous ont initié au djembé, nous ont appris des chants en langues wolof et mandingue ainsi que la confection du thé à la sénégalaise. Les soirées « percussions » avec tout Village Pilote furent aussi mémorables.
Au Sénégal ce n’est pas la neige mais la pluie qui ralentit la circulation et le train de vie ; en effet notre séjour coïncidait avec la période d’hivernage. Cependant le temps orageux n’empêchait pas les jeunes de jouer dehors. Si le foot est très populaire dans les rues de Dakar, le rugby est le sport représentatif de l’association. Des jeunes de Village Pilote ont même été sélectionnés par l’équipe nationale, ce qui encourage les autres enfants qui voient en eux une réussite possible. Un des animateurs, Bourama (rugbyman et yoguiste) nous expliquait qu’en plus de catalyser leur énergie, le sport permet aux jeunes de se sentir partie prenante d’une société, ce qui les aidera à trouver leur place plus tard dans leur société quand leur formation sera finie.
En plus de nos activités régulières de cirque nous avons participé à la mission de Village Pilote en remplissant des fiches d’identification et une biographie migratoire de nouveaux arrivants (pour comprendre dans quelles régions il y a le plus de fugues). A cette occasion nous apprenons que certains ont passé un ou deux mois dans les rues après avoir quitté leur famille ou leur quartier où se profilait une menace évidente de violence, certains ont dormi sous les tables du marché en bande, ont volé quand la manche ne rapportait pas assez. Tout ça à pas même 15 ans.
Certains adolescents parlent un français très correct et nous ont aidés à expliquer les jeux (les animateurs nous soutenaient aussi). Au bout de la deuxième semaine nous pensions être assez proches des jeunes pour les photographier, nous leur avons aujourd’hui envoyé un album photo qui retrace le mois passé ensemble. Un lien s’est tissé peu à peu : certains jeunes venaient discuter avec nous, des petits nous cherchaient pour jouer au « ludo » avec eux et nous écoutions ensemble de la musique avec notre enceinte portable. L’un d’eux par exemple, Ibrahim, nous posait des questions sur ce qu’on lisait ou nous sollicitait pour convertir le prix de la Tour Eiffel en franc CFA. Nous avons aussi appris la belle chanson de Village Pilote en wolof (visualisable sur YouTube). Si on traduit le début ça donne « Nous les enfants, Le savoir et notre jeunesse, On a le droit d’en profiter, Village Pilote est notre famille, la rue pour nous est une impasse ». La fête pour notre départ fut joyeuse par la musique et les chants et émouvante par les témoignages des enfants et des animateurs qui nous remerciaient pour ce qu’on leur avait apporté durant ces trois semaines -ils nous ont certainement apporté beaucoup plus.
Nous avons passé une après-midi à l’île de Gorée avec deux animateurs de Village Pilote. Les bâtiments du XVIIème siècle sont à demi ruinés, on les laisse tels qu’ils sont, en souvenir de la traite des esclaves. Nous avons aussi découvert la capitale en compagnie d’Ablaye, éclaireur laïc très investi dans le mouvement et qui nous a fait rencontrer les scouts musulmans (89% des Sénégalais sont musulmans) et les scouts catholiques. Les trois branches sont très liées et organisent entre elles activités et feux de joie. Ablaye nous a accompagnés à la messe à la cathédrale de Dakar qui est remarquable par son esthétique moderne et épurée. Nous sommes aussi allés fêter le 15 août chez des amis chrétiens des animateurs de Village Pilote. L’hospitalité sénégalaise est indéniable et nous a donné l’intime conviction d’avoir notre place parmi eux.
L’équipe compagnon de l’Haÿ-Chevilly