La presse en parle : les mosaïques
Publié le 8 septembre 2008 avec les mots-clés: Actualités
Voici l'article par dans "Notre Vie" qui s'entretient avec Guy Neveu après le camp d'été des scouts mosaïques.
Scoutisme : c’était tout simple à Santenay
Au mois de juin cette page locale annonçait le camp mosaïque à Santenay (auprès d’Herbault) avec les Scouts et Guides de France. Au retour nous avons rencontré Guy NEVEU, le responsable du camp.
Notre Vie : M. Neveu, vous étiez le responsable du camp auquel ont participé 20 jeunes (10 garçons et 10 filles) de 8 à 13 ans. Est ce que c’était la première fois que les Scouts et Guides de France proposaient un camp de sept jours à des jeunes de la « zup » ?
Guy Neveu : Non, c’est une histoire qui a commencé en 2004. Cette année là 5 garçons et 3 filles dont les familles étaient adhérentes de l’Association Africaine d’Entraide et de Solidarité du Blaisois avaient participé, en Sologne, au camp de la troupe des scouts (12-14 ans) de Blois. Depuis chaque année, il y a eu des propositions selon différents modes avec entre 6 et 13 participants. Dans le quartier, je ne peux plus passer incognito ! D’autant plus que la proposition n’est pas seulement d’un camp d’été. Pour ne parler que de l’année écoulée, il y avait eu 2 jours d’activités pendant les vacances de Noël, et 3 jours avec 2 nuits sous la tente pendant les vacances de printemps.
NV : Vous parlez d’un « camp mosaïque ». Pourquoi ?
GN : Il s’agit d’un camp de scoutisme proposé à des jeunes venant d’un quartier dont la composition humaine est très diversifiée, comme une mosaïque. Et nous voulons vivre cela comme une richesse d’où la mise en avant de cette caractéristique.
NV : Ce type d’initiative envers les « jeunes des quartiers », est-ce une nouveauté de la part des Scouts et Guides de France ?
GN : Non, cela est aussi vieux que le scoutisme ! En 1907, le fondateur, Robert Baden-Powell, général britannique de l'armée coloniale, ayant beaucoup bourlingué aux Indes et en Afrique avait eu l'idée d'emmener camper des jeunes désœuvrés de la banlieue de Londres. Il avait l'intuition que la vie dans la nature, l'organisation en petites équipes, l'adhésion à une loi commune, l'appel au sens de l'honneur pouvait passionner les jeunes des banlieues de Londres comme cela avait passionné les ados qu'il avait mobilisés comme éclaireurs pour défendre la ville de Mafeking en Afrique du Sud. Il racontera cette expérience dans un livre qui aura un tel succès, qu'il se retrouvera obligé de fonder un mouvement qui deviendra très vite mondial. En France, comme en de nombreux pays, les premières troupes scoutes se sont souvent implantées dans des quartiers très populaires. A Blois dans les années 20-30, quartier du Foix ou en Vienne.
A la fin des années 1980, de façon contemporaine au développement de ce qu’on appelle les Politiques de la Ville, les Scouts et Guides de France ont voulu prendre des moyens spécifiques pour que l’ouverture aux « jeunes des quartiers » ne soit pas qu’un vœu pieux. La double fidélité au Scoutisme Mondial et à l’Église exigeait du Mouvement qu’il soit présent sur ce terrain du désenclavement des quartiers et de la réussite éducative. Des « camp pour tous » ont été, et sont toujours, organisés par les régions en lien avec les animateurs sociaux de plusieurs grandes villes de banlieue. De nombreux chefs scouts participent à leur encadrement, bénévolement, en plus du camp qu’ils ont avec les jeunes de l’unité « classique » qu’ils accompagnent toute l’année.
L’originalité blésoise depuis 2004 c’est que c’est le groupe local « classique » qui porte le projet d’ouverture vers les jeunes de la zup. C’est en tant que chef de groupe que j’ai promu l’opération de 2004, et depuis il y a toujours eu des chefs ou des jeunes des unités « classiques » qui m’ont épaulé pour que les propositions d’activités soient possibles. Au camp de juillet, il y avait avec l’abbé Cordier et moi-même Julie, Maréva et Jean, 3 pionniers qui sont au bord des 18 ans, et qui se sont passionnés pour partager avec des plus jeunes de la zup leur enthousiasme pour les potentialités de la méthode scoute.
NV : C’est quoi cette « méthode scoute » dont vous parlez ?
GN : Une méthode simple qui tient en 5 points :
1 - On ne fait pas du scoutisme, on devient scout. On adhère à une loi, la loi scoute, et on s'engage : c'est la promesse. Au camp de Santenay, cette loi c’est transcrite de la sorte : ici chacun participe à toutes les activités, ici on respecte les autres, ici chacun donne son avis, ici chacun acquière de nouvelles compétences.
2- Le « système des badges ». La vie chez les scouts ou guides fait acquérir des compétences. Il est important que ces acquisitions soient reconnues. C'est comme les photos des temps anciens. Pour qu'elles apparaissent et ainsi existent vraiment il fallait les passer par un bain de révélateur. Le « badge » qui est remis solennellement, révèle au jeune sa nouvelle compétence, sert à la faire exister vraiment, et à l'utiliser au service des autres conformément à la promesse. A Santenay chacun a reçu un ou plusieurs badges en fonction des compétences acquises : artisan, bon campeur, artiste, sizenier, sportif.
3 - Le « système des patrouilles ». La base de la vie scoute, c'est la vie en petit groupe de 5 à 7. Quatre ou cinq patrouilles (ou équipes) - les plus jeunes parlent eux de sizaines -, forment une unité.
5 à 7 c’est le bon chiffre pour que chacun ait un rôle pour la réussite de la vie collective. A Santenay il y avait deux sizaines de filles et deux sizaines de garçons. Chacune a choisi son sizenier ou sa sizenière qui veillait à la cohésion de la sizaine. La sizaine tenait conseil tous les jours.
4 - L'éducation par l'action. Avec les scouts on fait des choses, on monte des projets, on joue, on vit des aventures adaptées à chaque âge ! On ne reste pas dans les rêves, on fait avec ses mains, ses pieds, sa créativité, son intelligence, et tout ça comme un grand jeu. A Santenay il y avait un thème qui a servi de fil rouge à toutes les activités : une lutte pour garantir un développement durable, symbolisée par la résistance des habitants de la planète CETOUTSIMPLASANTNÉ face au dictateur EKSASOTT qui veut imposer de consommer toujours plus. Le tri sélectif des déchets, la lutte contre le gaspillage de l’eau, la découverte d’un élevage bovin et de la fabrication du fromage, la confection d’arcs, l’art des installations scoutes, les jeux de plaine ou de veillée « sans écrans » étaient autant d’actes de résistance et d’apprentissages.
5 - La nature est le cadre privilégié de la vie scoute. Les scouts et guides ça campe ! Pour Baden Powell « le camp, c'est l'aspect du scoutisme qui éveille chez les jeunes le plus grand enthousiasme et qui donne l'opportunité de leur apprendre la confiance en eux-mêmes et l'ingéniosité en plus de leur donner une bonne santé ». A Santenay tous ont appris à devenir de bons campeurs. Mais dans le camp, il y a aussi un chemin pour apprendre à croire. Le père Sevin parlera du scout comme étant celui qui campe et qui décampe, et c'est la base de la spiritualité scoute qui porte à toujours avoir la curiosité en éveil, à savoir s'émerveiller, à trouver dans le provisoire un dynamisme qui fait grandir en humanité, à découvrir dans la vie toujours devant un appel de Dieu.
NV : Justement puisque vous parlez de Dieu, qu’en était-il dans ce camp de la proposition spirituelle ? D’autant que je crois qu’il n’y avait pas que des chrétiens.
GN : En effet il y avait 4 enfants de familles musulmanes, 2 d’une famille mixte musulmane et chrétienne, 6 qui participent au catéchisme (dont une fille qui a été baptisée le 17 août) et 8 de familles d’origine chrétienne. Mais tous savaient que les Scouts et Guides de France sont une association catholique et que l’ouverture à la vie spirituelle (dans le respect de la foi de chacun) fait partie du « programme ». Concrètement, chaque matin la journée commençait après le petit déjeuner par un temps de réflexion avec un chant, un texte, un geste, une expression de chacun apprenant à lire dans la vie du camp un appel à vivre dont les croyants voient l’origine en Dieu même. Avant chaque repas, une prière aidait à « recevoir » de Dieu (et donc à pouvoir partager) ce que nous avions cuisiné. Chaque soir, en clôture de veillée, un chant autour du feu « signait » la journée :
<
p class="MsoNormal">Près du feu, dans la nuit, Près du feu, il y a toi et moi.
Près du feu, sans un bruit, Près du feu, il y a Dieu.
<
p class="MsoBodyTextIndent">1 - La Terre se couvre d'un voile, La nuit s'étire à l'infini,
Le ciel allume ses étoiles, Et nous sommes tous réunis.
<
p class="MsoNormal">3 - Les flammes éclairent nos visages, Et font danser pour nous la vie,
Chacun écoute ton message, Comme on écoute son ami.
Et le dimanche, tandis que les jeunes musulmans et quelques autres avaient un temps de partage, les chrétiens ont participé à la messe paroissiale à Santenay. Ils ont trouvé qu’ils étaient bien accueillis : il faut dire qu’elle était présidée par le père François Cordier…
A la fin du camp, 3 des jeunes qui ne participaient pas encore au catéchisme m’ont dit qu’ils allaient demander à leur mère de leur permettre d’y participer : le Seigneur a dû réussir à utiliser la vie du camp pour se manifester dans leur cœur. Et puis le 17 août ils étaient plusieurs à être venus à la messe pour le baptême de Shanna. J’en rends grâce à Dieu !
NV : Avez-vous pu récolter d’autres fruits de ce camp ?
GN : L’immense récompense de visages radieux. Non pas qu’il n’y ait pas eu quelques petits coups de cafard au moment d’aller dormir sous la tente quand quelques petites bêtes s’y étaient aussi invitées ou bien quand la vie collective provoquait quelques heurts ou encore quand l’absence de proches se faisait davantage sentir. Mais justement au camp on est obligé de dépasser cela, et alors ce sont de sacrées victoires qu’on remporte. Et les arcs rapportés comme des trophées sont bien plus qu’un jouet !
NV : Et maintenant comment comptez-vous donner des suites ?
GN : Mon souhait ce serait de pouvoir proposer des activités scoutes denses à chaque vacances et même pouvoir former des équipes stables qui pourraient mener des projets suivis durant l’année, pour profiter pleinement du scoutisme. C’est possible en fonction de l’intérêt que les familles y verront, du poids de l’aventure scoute face au foot (pour ne prendre que cet exemple), de l’alchimie de la bande de copains ou copines. En fonction aussi du recrutement de jeunes adultes passionnés qui me rejoindraient, comme Farol et Kadiatou entre 2004 et 2006.
J’ai déjà un projet de calendrier qui prend forme. Et je peux donner les dates de la prochaine proposition : 3 après-midi pendant les vacances de Toussaint : les 31 octobre et 1er et 2 novembre de 14h30 à 20h avec point de rendez-vous à la paroisse.
NV : Et l’été prochain, un nouveau camp à Santenay ?
GN : Cela ne serait pas drôle ! Les scouts ça bouge… En fait j’ai déjà retenu un lieu, à Marolles. Il s’agirait même d’un camp avec 3 groupes mosaïques : celui de Blois et deux autres qui pourraient voir le jour à Tours et à Dreux.
NV : Et pour en savoir encore plus ?
GN : On peut visiter le site internet des Scouts et Guides de France : http://www.scoutsetguides.fr/ et même le blog du groupe de Blois : http://sgdfblois.wordpress.com/ où on trouvera des photos du camp en couleur ! On peut aussi me joindre au téléphone : 06-07-52-06-78