Cet été, pour la première fois, j’ai expérimenté un mini camp scout le temps d’un
petit week-end à Désandans au sein d’un groupe de Louveteaux-Jeannettes (8 – 11 ans).
Je suis maman d’un adolescent de 14 ans qui entame cette année sa huitième année
(chez les Rouges, Pionniers et Caravelles) au sein du mouvement Scouts et Guides De
France. J’avais une idée assez précise ce qu’était un camp scout d’été au travers des
expériences répétées de mon fils.
Et pourtant, vivre par moi-même ce camp scout en accompagnant ma fille de 6 ans faisant
partie de la branche des Farfadets m’a permis de prendre conscience plus fortement
encore des bénéfices d’une telle expérience de vie !
Lorsqu’on arrive sur le lieu du camp, on commence par perdre ses repères
matériels….J’ai réalisé qu’il fallait renoncer à tout confort matériel, ne serait-ce qu’à une
chaise ! En effet, nous dormons sous des tentes et les installations présentes sur le camp
sont rudimentaires, confectionnés avec des matériaux de la nature (essentiellement des
perches, rondins en bois assemblés grâce à des cordages) : tables, bancs, différents
supports aménagés pour le coin vaisselle, table à feu, l’espace douche dépouillé,
constitué de jerricans et de caillebotis, des toilettes sèches et le coin tri, recyclage des
déchets qui n’est pas négligé. Cela reste un vrai savoir-faire « scout » que de pouvoir
fabriquer de telles installations éphémères à la fois solides et respectueuses de
l’environnement.
Ça y est nous y sommes, nous avons fait le grand saut de vivre dans la nature, au
contact de celle-ci ! Très vite, je me rends compte qu’il faut composer avec celle-ci et avec
tous les êtres vivants qui la peuplent. Avec les enfants, nous avons appris à rester calmes
lorsque des dizaines de guêpes rôdaient autour de nous au moment des repas. Les
guêpes étaient nombreuses sur notre camp, elles étaient en force. Nous n’avions pas
d’autre choix que de s’adapter à elles, en contrôlant nos réactions, en évitant de s’agiter et
en veillant à se protéger.
L’homme ne peut pas maîtriser la nature, nous avons donc choisi l’humilité face à ces
petites bêtes intempestives…
Ensuite, j’ai été interpellée par toute la pédagogie mise en œuvre par les scouts
visant à développer l’autonomie des enfants dans la réalisation des tâches quotidiennes :
approvisionnement en eau, logistique des repas, confection des repas, nettoyage,
vaisselle.
Je me suis portée spontanément volontaire pour aider à la confection des repas sans
pouvoir concrètement le faire car tout simplement, c’est le rôle des enfants !
Dans un camp scout, ce sont les enfants qui font sous la directive, la surveillance et les
conseils des adultes. Cela prend bien sûr plus de temps de leur faire faire par eux-même
plutôt que l’adulte qui fasse directement par lui-même. Et pour les adultes encadrants, il
faut faire preuve de beaucoup de patience avec les enfants pour leur expliquer les tâches,
les rappeler à l’ordre, leur répéter plusieurs dois les consignes. Dans un camp, on prend le
temps d’apprendre aux enfants…..Quel luxe aujourd’hui que de s’accorder le temps
pour accompagner un enfant à faire par lui-même ! Quelle satisfaction pour l’enfant qui
prend confiance en lui, apprend, et en ressort grandi !
Aussi, une grande partie de la journée est consacrée à la logistique des repas.
Chez les Louveteaux-Jeannettes, les repas sont pris en commun, ils restent un temps fort
de la journée, un moment de partage toujours précédée d’un bénédicité : il est important
de rendre grâce à Dieu pour la nourriture qui nous est offerte car comme le disait
justement un chef scout, c’est quand même sympa de manger, de partager un repas, c’est
une chance par rapport à certains, soyons conscients de cela.
Enfin, on redonne au temps du repas une dimension de partage, de convivialité, de joie,
ce qui contraste parfois avec le quotidien de nos vies où les repas sont sacrifiés parce qu’il
faut faire vite ou bien encore chacun, en fonction de son rythme, mange à sa guise….
Je me souviens encore d’une chose qui m’a particulièrement frappée sur le lieu du camp :
l’importance de l’eau quand on est perdus au milieu de nulle part et qu’il fait chaud. L’eau
devient primordiale pour s’hydrater, pour se laver les mains, pouvoir assurer l’hygiène
corporelle. Et quand il faut faire des efforts comme marcher, transporter l’eau pour se
ravitailler, on apprend naturellement à ne pas la gaspiller et à la considérer comme un
trésor !
Et puis, entre deux repas, des animations sont prévues pour stimuler l’imaginaire des
enfants, leur permettre de se dépenser physiquement à travers des jeux, développer leur
capacité manuelle avec la réalisation d’objets. Sur le camp de cet été, les enfants ont
réalisé collectivement une faïence pour offrir à une maman qui s’est dévouée à la partie
logistique (courses et repas) du camp.
Et puis, les fins de journée s’organisent au coin du feu avec la veillée nocturne.
Le feu comme l’eau revêt une importance capitale. Les enfants l’affectionnent
particulièrement, ce feu qui les rassemble autour d’un conte, de chants au rythme de la
guitare et parfois avec des brochettes de marshmallows pour adoucir le temps de la nuit.
Ce feu éclaire les esprits, réchauffent parfois les cœurs…
Les enfants sont invités aussi à participer à des temps spirituels, à observer des
temps calmes de repos. La messe célébrée par Jean FAYE à laquelle j’ai participé avec
les enfants restera un moment marquant : d’abord, elle est célébrée en plein air, au cœur
de la nature, les enfants sont attentifs car ils sont acteurs de leur célébration. Ils prennent
part à des jeux soigneusement préparés par les adultes pour les aider à mieux
comprendre l’évangile du jour. Le prêtre prend le temps d’expliquer aux enfants, choisit les
mots adaptés. C’est l’occasion pour les enfants de chanter leurs chants scouts
accompagnés des instruments que maîtrisent la plupart des chefs scouts. La messe est
vivante, animée, et une magnifique énergie s’en dégage!
Finalement, le programme d’un camp scout est complet : il s’attache à la fois au
développement du corps, de l’esprit, de l’âme avec cette dimension d’accompagner
l’enfant à l’autonomie, à la responsabilité, à la liberté. Tout un programme !
Après deux jours d’immersion sur un tel camp, on revient à l’essentiel : dépouillé de
l’aspect matériel qui nous alourdit parfois, libéré des sollicitations extérieures multiples,
éloigné de la société de « zapping », on prend le temps de vivre ici et maintenant en se
recentrant sur soi-même, pour être pleinement dans la relation à l’autre, à la Nature, à
Dieu.
Géraldine CHAPET