La joie du Carême

Publié le 4 mars 2021 avec les mots-clés: Actualités

La joie du Carême

« C'est le propre de Dieu de nous donner la joie », dit saint Ignace Il y a la joie d'un travail bien fait, la joie de l'amitié et de l'amour, les joies toutes simples de la vie ordinaire, la joie éprouvée après une grande tristesse ou un rude combat, la joie grave et la joie légère, des joies éphémères et des joies durables.... Beaucoup de joies nous sont données par surprise sans que nous les cherchions. Elles vont et viennent en nos cœurs. Mais la vraie joie, celle qui vient de Dieu est toujours une augmentation de foi, d’espérance et de charité. Finalement notre propre joie n'est qu'une participation à la joie de Dieu, à la joie du Christ ressuscité qui nous pousse à aimer, à espérer, à sortir de nous-mêmes pour aller à la rencontre des autres. Choisir la joie de Dieu pour boussole est une décision qui nous conduit à tourner le dos à ce qui lui est contraire : jalousie, mépris des autres, colère, ressentiment… Cette joie profonde et véritable est le fruit d'une conversion et d’un combat spirituel. Or, le Carême est ce temps favorable pour vivre la joie de Dieu. Oui, chers amis, le Carême est un chemin de bonheur et d’émerveillement qui nous conduit jusqu’à la fête de Pâques, manifestation de l’amour infini de Jésus pour chacun d’entre nous.

Certes, le jour des Cendres, nous entendions la voix de Dieu proclamait : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! ». Et nous pourrions être tenté de dire : « Comme si on n’avait pas déjà eu notre dose ces temps-ci, avec le Covid ! ». Il est vrai que cela fait déjà un an que nous vivons une sorte de grand Carême avec toutes ces normes qu’on nous impose : nous sommes privés de restaurant, de cinéma, de musées, de concerts, de liberté d’aller et de venir, de visites à nos familles… Alors, faut-il rajouter à toutes ces privations subies des privations choisies ?

Premièrement, il serait beau d’accueillir et transformer en joie toutes ces privations subies, pour les vivre avec le Christ, dans sa Passion. Mais, il peut exister aussi une certaines tentations d’abolir toute notion d’effort dans ce qui deviendrait un « christianisme sans peine » et on tombe parfois dans l’écueil d’une foi insipide et apathique faute d’un investissement réel de toute notre personne. Il nous faut profiter de ce Carême pour entrer dans le combat de Dieu. Comme disent les américains, il serait dommage de nous retrouver à jouer au Beach Volley en Normandie, le jour du débarquement.

La Tradition de l’Église propose trois outils pour ne pas être des chrétiens tièdes, mous : le jeûne, la prière, l’aumône, qui expriment successivement la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu, par rapport aux autres. Et il est bon qu’un scout puisse vivre pleinement 3 dimensions (un carême en 3D). Le jeûne, la prière et l’aumône fortifient l’âme et nous rend athlète de Dieu. Comme dit le Psaume, « Seigneur, tes exigences resteront la joie de mon cœur. » (Ps 118, 111). Les privations, le jeûne ne sont pas seulement des gestes de pénitence, ils ont aussi pour but de nous donner faim et soif de Dieu et de sa parole. Ils signifient que nous ne souhaitons pas être centrés sur nous-mêmes, sur notre petit confort, nos petits désirs. Et le vide créé par ces privations, en retranchant dans ma vie, telle activité superflue ou tel comportement mauvais, pendant le Carême, n’est pas à vivre comme une mesure d’hygiène morale mais plutôt comme l’occasion de le remplir par une plus grande attention à Dieu et aux autres.

Cher ami, « Que le Seigneur soit ta joie ! » (Ps 31).

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Abbé Bruno de Mas Latrie
paroisse Saint Jean Baptiste de la Salle
70, rue Falguière
75015 PARIS