Témoignage d'Agathe sur ses années compas !
Moi c’est Agathe Géroudet, j’ai 19 ans, je suis en 3ème année d’école d’orthophonie à Lyon et… voilà c’est à peu près tout ! Je suis scoute depuis plus de dix ans maintenant, j’ai arrêté de compter !
Nickel ! Tu peux nous donner un peu ton ressenti par rapport à notre premier camp avec la communauté d’Emmaüs en 2017 ?
Tout plein de choses ! On était partis à Emmaüs en se disant que ce serait un camp lambda, et que la vraie aventure on la vivrait à l’international… Eh bah on s’est bien plantés ! On s’est retrouvé dans un milieu très pauvre, avec des gens très différents de nous, et c’était assez difficile au début. Mais perso j’ai créé de belles amitiés avec ces personnes, on a vécu de supers beaux moments de discussion, de jeux et de travail, avec les compagnes et les compagnons d’Emmaüs. Je pense en particulier à Alex, qui m’a apporté énormément par son témoignage de vie (si tu passes par là, j’attends de tes nouvelles ^^). Nos relations avec eux étaient toutes simples, sans artifices, on a eu beaucoup de mal à retourner à notre quotidien. Pour nous, Emmaüs, c’était “la vraie vie” ! Et comme Pauline l’a dit, pas besoin de faire 10 000km pour faire du solidaire ! Maintenant quand j’entre dans un magasin Emmaüs, je pense à toutes les vies qu’il y a derrière tout ça, tout le travail, et je suis trop fière de ces gens.
Maintenant, parle-nous de la préparation au projet à l’international...
Alalalala, la préparation… Bah on va dire que l’année 2017-2018 a été remplie de péripéties ! On a perdu deux projets, ça nous a pas mal découragé déjà… Du coup on a galéré parfois pour rester soudés en tant qu’équipe, mais on a réussi à se soutenir pour garder le cap, et le résultat en valait la peine ! Nos accompagnateurs nous ont pas mal guidés dans la gestion de l’équipe et du projet, et on a quand même appris beaucoup de choses par nous-même sur le moment. Mais c’est cool, ça nous fait une bonne expérience pour l’avenir. Et puis on a quand même vécu de bons moments, pendant les extra-jobs par exemple !
Raconte nous rapidement ce que t’as vécu au Vietnam.
Je vais essayer de faire court : tout était différent. On s’est pris un gros choc culturel en pleine face, que ce soit au niveau du climat, très chaud et humide, de la langue, compliquée à prononcer pour nous, du mode de vie, et de la cuisine, parce qu’il faut dire que manger du riz à tous les repas, ça marque à vie ! On a pu donner des cours de français aux enfants, leur apprendre des chansons, bercer les bébés, nouer des liens avec les sœurs qui s’en occupaient sans pouvoir communiquer par la langue. Pendant la semaine de tourisme, on en a pris plein les yeux, entre la baie d’Halong, qui est clairement le plus beau paysage que j’ai jamais vu, et Hanoï, avec ses échoppes de rue et ses arbres partout sur les trottoirs !
Est-ce que tu pourrais nous faire part d’un moment original, drôle, que t’as vécu là-bas ?
Avec plaisir ! A chaque fois qu’on sortait de l’orphelinat pour aller se balader ou visiter les environs, des inconnus nous arrêtaient dans la rue pour prendre des photos avec nous, uniquement parce qu’on avait des têtes d’européens ! Ça nous a fait un peu drôle, mais il faut dire que dans les petites villes vietnamiennes, il est très rare de croiser des touristes, et on les remarque directement… On s’est un peu sentis comme des stars, certains essayaient même de nous prendre en photo à notre insu, mais niveau discrétion c’était souvent raté.
Et sinon, quelque chose, quelqu’un, qui t’a particulièrement touché ?
L’accueil des vietnamiens, leurs sourires ! On a été invité plusieurs fois dans des familles qui nous ont fait d’énormes repas à base de nems, pour notre plus grand bonheur, et qui nous ont fait visiter la région. On se sentait toujours accueillis comme des membres de la famille, et beaucoup de ces personnes se sont démenées pour nous faciliter la vie, en appelant des taxis, en nous aidant dans l’organisation de notre semaine de tourisme… On ne serait pas allés plus loin que l’orphelinat sans eux ! Vraiment, les vietnamiens, c’est les champions de l’accueil !
Est-ce que ce voyage a changé quelque chose dans ta manière de voir le monde ?
Beaucoup de choses même. J’avoue avoir eu une période de grosse remise en question en rentrant, je n’arrivais pas à raconter le voyage à ma famille et à mes amis. Je me suis demandée si ça avait vraiment du sens de partir à l’autre bout du monde pour faire un projet solidaire alors qu’il y a déjà tellement de choses à faire en France… J’avais l’impression d’être un imposteur, d’avoir jeté de la poudre aux yeux des gens qui nous suivaient, de ne pas avoir réellement été utile au Vietnam. Maintenant je me dis que ce projet m’a permis de m’ouvrir au monde, de m’émerveiller, et que ce qu’on a fait avec les enfants à l’orphelinat ne leur a peut-être pas changé la vie, mais on leur a apporté un peu d’exotisme, de jeux, et on a pu être leurs grands frères et soeurs pendant trois semaines ! J’ai vécu une bonne expérience, et je me dis que j’ai encore du temps devant moi pour m’investir dans d’autres projets plus importants, avec un impact à long terme. Et au niveau des habitudes culinaires, je me suis acheté un cuiseur de riz, et je fais mes propres nems maison (c’est cent fois meilleur) !
Tes trois mots à toi pour résumer ce voyage ?
Arrrgh, seulement trois ? Enfants, émerveillement, et... riz !
Et maintenant que tout ça c’est fini, comment est-ce que tu comptes prolonger ton engagement ?
J’ai décidé de prendre une pause dans mon parcours scout, j’en ai besoin après toutes les péripéties qu’on a vécues l’an dernier, même si je reste toujours proche du groupe en cas de besoin, et pour le troisième temps compa évidemment ! Cette année je m’engage autre part, dans la communauté du Chemin Neuf à Lyon, pour deux années de service avec d’autres jeunes. Dans les années à venir, je réfléchis aussi au bénévolat dans d’autres assos, comme Emmaüs, ATD Quart-Monde… Mais chaque chose en son temps !
Une dernière chose à dire ?
Ben merci, évidemment ! Merci à nos acocos, à ma famille et mes amis qui ont dû supporter mes moments de panique, aux gens qui nous ont suivis, aux donateurs, aux membres du groupe scout du Creusot ! Merci bien sûr à cette équipe de winners, avec qui j’ai réalisé ce rêve qu’on avait fait il y a 6 ans… On l’a fait les copains !
J’ai toujours rêvé de pouvoir ressortir cette phrase que j’avais lue dans une BD quand j’étais en primaire : “Je remercie tout le monde, j’espère que je n’ai oublié personne”.
Et pour les futurs compas du Creusot, foncez ! Vous avez un groupe tellement bienveillant derrière vous, vous pouvez être sûrs que vous serez soutenus dans vos projets, et même si c’est pas toujours facile, ça en vaut la peine, promis !